Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
10 novembre 2020
Pour la dernière étape de mon nouveau parcours médical, je monte l’avenue de la Porte des Champs à l’heure où se pressent les élèves à l’entrée du collège Fontenelle. Cette jeunesse est fort disciplinée, pas un(e) qui ne porte son masque, et correctement.
En haut de la côte, je prends le temps de retrouver mon souffle avant d’entrer chez mon médecin traitant avec qui j’ai rendez-vous ce lundi.
Quand c’est à moi, je lui présente les conclusions de mon échographie abdominale. Certes mon foie est fatigué, m’explique-t-il, mais rien de grave. « On ne va rien faire », conclut-il. Il ne me propose pas de changer de régime alimentaire, sachant que c’est un conseil que je n’arriverais pas à suivre.
-Est-ce que c’est un problème que mon pancréas n’ait pas été vu, lui demandé-je.
-Quand on le voit bien, c’est souvent mauvais signe, me dit-il. Pourquoi ? Ça vous inquiète ?
-Pas spécialement mais je sais qu’un cancer du pancréas, ça arrive.
-Vous auriez déjà perdu dix kilos, me dit-il.
A la pesée, je n’en ai perdu qu’un et ma tension est, comme d’habitude, on ne peut plus normale.
-Et le moral, comment ça va ? me demande-t-il.
-C’est moyen. Comme pour beaucoup, il me semble. La perspective d’aller de confinement en confinement ne m’enchante pas.
Il me dit qu’il pense qu’après cette deuxième vague les suivantes seront moins fortes car beaucoup de gens auront été en contact avec le virus.
Nous nous quittons sur le constat qu’il s’agit de passer l’hiver.
*
La bouffonnerie du jour : l’annonce de la candidature de Mélenchon à la prochaine Présidentielle si cent cinquante mille de ses affidé(e)s le lui demandent (« j’ai très bien perdu les deux premières fois, donc je suis le mieux placé pour perdre à nouveau »).
En haut de la côte, je prends le temps de retrouver mon souffle avant d’entrer chez mon médecin traitant avec qui j’ai rendez-vous ce lundi.
Quand c’est à moi, je lui présente les conclusions de mon échographie abdominale. Certes mon foie est fatigué, m’explique-t-il, mais rien de grave. « On ne va rien faire », conclut-il. Il ne me propose pas de changer de régime alimentaire, sachant que c’est un conseil que je n’arriverais pas à suivre.
-Est-ce que c’est un problème que mon pancréas n’ait pas été vu, lui demandé-je.
-Quand on le voit bien, c’est souvent mauvais signe, me dit-il. Pourquoi ? Ça vous inquiète ?
-Pas spécialement mais je sais qu’un cancer du pancréas, ça arrive.
-Vous auriez déjà perdu dix kilos, me dit-il.
A la pesée, je n’en ai perdu qu’un et ma tension est, comme d’habitude, on ne peut plus normale.
-Et le moral, comment ça va ? me demande-t-il.
-C’est moyen. Comme pour beaucoup, il me semble. La perspective d’aller de confinement en confinement ne m’enchante pas.
Il me dit qu’il pense qu’après cette deuxième vague les suivantes seront moins fortes car beaucoup de gens auront été en contact avec le virus.
Nous nous quittons sur le constat qu’il s’agit de passer l’hiver.
*
La bouffonnerie du jour : l’annonce de la candidature de Mélenchon à la prochaine Présidentielle si cent cinquante mille de ses affidé(e)s le lui demandent (« j’ai très bien perdu les deux premières fois, donc je suis le mieux placé pour perdre à nouveau »).
9 novembre 2020
L’homme a désir d’être seul / Que très entouré d’autres hommes écrit Georges Perros dans Une vie ordinaire. C’est mon cas. Raison pour laquelle le premier confinement pendant lequel je pouvais lire dans le jardin alors qu’y vaquaient les habitant(e)s de la quinzaine d’appartements occupés me fut plus facile que le deuxième pendant lequel je suis incapable de lire en journée dans mon appartement
Je ne lis que le soir dans mon lit. Au bout de dix jours, je suis toujours dans le premier volume de la Correspondance entre Ferdinando Galiani (abbé) et Louise d’Epinay (marquise), plus intéressé par les lettres d’icelui que d’icelle.
De lui, cette fine analyse de l’éducation :
Ainsi qu’on fasse apprendre ou le latin, ou le grec, ou le français à un enfant ce n’est pas l’utilité de la chose qui intéresse. C’est qu’il faut qu’il s’accoutume à faire la volonté d’autrui (et s’ennuyer) et à être battu par un être né son égal (et souffrir). Lorsqu’il est accoutumé à cela, il est dressé, il est social ; il va dans le monde, il respecte les magistrats, les ministres, les rois (et ne s’en plaint pas). Il exerce les fonctions de sa charge et il est à son bureau, ou à l’audience, ou au corps de garde, ou dans l’œil de bœuf, et baille et reste là, et gagne sa vie. S’il ne fait pas cela il n’est bon à rien dans l’ordre social. Donc l’éducation n’est que l’élaguement des talents naturels, pour donner place aux devoirs sociaux. L’éducation doit amputer et élaguer des talents, si elle ne le fait pas, vous avez le poète, l’improvisateur, le brave, le peintre, le plaisant, l’original, qui amuse, et meurt de faim ne pouvant se placer plus dans aucune niche de celles qui existent dans l’ordre social. Ferdinando Galiani à Louise d’Epinay, Naples, le quatre août mil sept cent soixante-dix
*
Deux autres extraits :
Enfin j’adore M. de Sartine, je lui ai mille obligations et je voudrais lui en avoir encore davantage. Il ne dépend que de lui que je retourne à Paris. Il n’a qu’à me faire inspecteur de police, et me donner le département des demoiselles. Je vole, je cours, j’abandonne tout. Ferdinando Galiani à Louise d’Epinay, Naples, le trente juin mil sept cent soixante-dix
Attendons les paiements de Merlin, et dites toujours entre vos dents lorsqu’il viendra chez vous « Puisses-tu pisser comme tu paies goutte à goutte. » Cela vous soulagera. Il n’y a rien de tel que de jurer. Ferdinando Galiani à Louise d’Epinay, Naples, le premier septembre mil sept cent soixante-dix
Je ne lis que le soir dans mon lit. Au bout de dix jours, je suis toujours dans le premier volume de la Correspondance entre Ferdinando Galiani (abbé) et Louise d’Epinay (marquise), plus intéressé par les lettres d’icelui que d’icelle.
De lui, cette fine analyse de l’éducation :
Ainsi qu’on fasse apprendre ou le latin, ou le grec, ou le français à un enfant ce n’est pas l’utilité de la chose qui intéresse. C’est qu’il faut qu’il s’accoutume à faire la volonté d’autrui (et s’ennuyer) et à être battu par un être né son égal (et souffrir). Lorsqu’il est accoutumé à cela, il est dressé, il est social ; il va dans le monde, il respecte les magistrats, les ministres, les rois (et ne s’en plaint pas). Il exerce les fonctions de sa charge et il est à son bureau, ou à l’audience, ou au corps de garde, ou dans l’œil de bœuf, et baille et reste là, et gagne sa vie. S’il ne fait pas cela il n’est bon à rien dans l’ordre social. Donc l’éducation n’est que l’élaguement des talents naturels, pour donner place aux devoirs sociaux. L’éducation doit amputer et élaguer des talents, si elle ne le fait pas, vous avez le poète, l’improvisateur, le brave, le peintre, le plaisant, l’original, qui amuse, et meurt de faim ne pouvant se placer plus dans aucune niche de celles qui existent dans l’ordre social. Ferdinando Galiani à Louise d’Epinay, Naples, le quatre août mil sept cent soixante-dix
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Deux autres extraits :
Enfin j’adore M. de Sartine, je lui ai mille obligations et je voudrais lui en avoir encore davantage. Il ne dépend que de lui que je retourne à Paris. Il n’a qu’à me faire inspecteur de police, et me donner le département des demoiselles. Je vole, je cours, j’abandonne tout. Ferdinando Galiani à Louise d’Epinay, Naples, le trente juin mil sept cent soixante-dix
Attendons les paiements de Merlin, et dites toujours entre vos dents lorsqu’il viendra chez vous « Puisses-tu pisser comme tu paies goutte à goutte. » Cela vous soulagera. Il n’y a rien de tel que de jurer. Ferdinando Galiani à Louise d’Epinay, Naples, le premier septembre mil sept cent soixante-dix
8 novembre 2020
L’alternative pour passer la Seine avec des lunettes en automne par temps de Covid, comme je le fais ce samedi avant neuf heures, est de les ôter ou de baisser son masque façon bavoir. Sans cela, impossible d’y voir quoi que ce soit, embuées qu’elles sont.
Cette avancée sans visibilité est à l’image de celle de nos gouvernants. Le vaccin promis pour fin deux mille vingt, puis pour le premier semestre deux mille vingt et un, est désormais remis au second semestre de cette année prochaine.
Aucun d’entre eux ne semble envisager l’hypothèse qu’il ne soit que partiellement efficace, à cinquante pour cent par exemple, et qu’il faille continuer à protéger la moitié de la population. L’économie ne va pas supporter ça.
Au marché des pauvres, place des Emmurées, seuls sont installés les marchands de nourriture, ce qui laisse de la place aux client(e)s. On s’y sert soi-même. Je remplis mon sac de fruits et légumes puis rentre dans les mêmes conditions.
L’après-midi, je passe plusieurs heures à organiser mes innombrables notes de lecture puis je supprime mes photos de vadrouille. A quoi bon les garder puisque je n’ai pas la moindre envie de les revoir. Une copie d’icelles est dans la mémoire de Effe Bé où je pourrais les retrouver en cas de besoin.
Que cette entreprise californienne me serve au moins à ça. Car côté réseau social, c’est de plus en plus décevant. Outre qu’on y est désormais envahi par les liens sponsorisés, celles et ceux qui figurent dans ma liste d’« ami(e)s » y publient de moins en moins, voire plus du tout.
Le soir venu Biden est enfin élu Président des Etats-Unis, ça fait surtout plaisir pour la défaite de l’autre.
*
Choisir un garçon pour faire un enfant puis quelques années plus tard parler de lui au téléphone en l’appelant cet abruti. (une fille dans la rue)
*
Lecture d’il y a quelques mois, trouvé dans une boîte à livres : le faux roman de Romain Gary Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable. Le côté éternel baroudeur de l’auteur narrant le déclin de sa libido ne m’a pas emballé, mais les deux extraits suivants valaient cet effort :
Mes rapports avec lui consistaient surtout à l’éviter…
La conversation est une des formes les plus méconnues du silence.
Cette avancée sans visibilité est à l’image de celle de nos gouvernants. Le vaccin promis pour fin deux mille vingt, puis pour le premier semestre deux mille vingt et un, est désormais remis au second semestre de cette année prochaine.
Aucun d’entre eux ne semble envisager l’hypothèse qu’il ne soit que partiellement efficace, à cinquante pour cent par exemple, et qu’il faille continuer à protéger la moitié de la population. L’économie ne va pas supporter ça.
Au marché des pauvres, place des Emmurées, seuls sont installés les marchands de nourriture, ce qui laisse de la place aux client(e)s. On s’y sert soi-même. Je remplis mon sac de fruits et légumes puis rentre dans les mêmes conditions.
L’après-midi, je passe plusieurs heures à organiser mes innombrables notes de lecture puis je supprime mes photos de vadrouille. A quoi bon les garder puisque je n’ai pas la moindre envie de les revoir. Une copie d’icelles est dans la mémoire de Effe Bé où je pourrais les retrouver en cas de besoin.
Que cette entreprise californienne me serve au moins à ça. Car côté réseau social, c’est de plus en plus décevant. Outre qu’on y est désormais envahi par les liens sponsorisés, celles et ceux qui figurent dans ma liste d’« ami(e)s » y publient de moins en moins, voire plus du tout.
Le soir venu Biden est enfin élu Président des Etats-Unis, ça fait surtout plaisir pour la défaite de l’autre.
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Choisir un garçon pour faire un enfant puis quelques années plus tard parler de lui au téléphone en l’appelant cet abruti. (une fille dans la rue)
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Lecture d’il y a quelques mois, trouvé dans une boîte à livres : le faux roman de Romain Gary Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable. Le côté éternel baroudeur de l’auteur narrant le déclin de sa libido ne m’a pas emballé, mais les deux extraits suivants valaient cet effort :
Mes rapports avec lui consistaient surtout à l’éviter…
La conversation est une des formes les plus méconnues du silence.
7 novembre 2020
« Merdre, ça te coupe la chique du clavier ce co-truc ! Vite des notes de lecture au moins…! », m’écrit l’ami de Stockholm qui est venu à Rouen durant les vacances de Toussaint sans que nous puissions nous voir puisque j’étais ailleurs.
Combien il a raison. Ce deuxième confinement est pire que le premier. Il n’a pas l’air d’en être un mais plus rien n’existe pour qui ne travaille pas. Il ne se passe absolument rien dans ma vie depuis que je suis rentré. Même celles et ceux à qui j’ai écrit pour demander de leurs nouvelles ne me répondent pas.
En attendant les notes de lecture, ces copies de deux lettres que j’ai trouvées dans un livre autrefois acheté un euro chez Book-Off, collées qu’elles étaient à intérieur de l’ouvrage Le rat et l’abeille (Court traité de gastronomie préhistorique), publié chez Phébus. Ces missives furent envoyées à son ami René Delmas par l’auteur, Raymond Dumay.
La première, le quatre juin mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept :
Mon cher ami
Je ne saurais te dire combien je suis touché par ta lettre. Tu as acheté mon livre et tu as pris la peine et le temps de m’en écrire – et bien. Double exploit qu’à ce jour tu es le seul à avoir réalisé. Si tu penses un instant à l’inquiétude que j’ai pu éprouver en me lançant dans cette aventure, une spécialité abordée à 80 ans ! tu comprendras mon bonheur de recevoir tes éloges, en particulier sur mon style, qui est plus moi-même que moi, mais si peu »scientifique ».
Quand je dis « à bientôt », je ferai de mon mieux.
A vous deux, Raymond.
La seconde, le quinze juillet mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept :
Mon cher Delmas,
Merci, merci. Moi aussi j’ai été éberlué par ces éloges démesurés – déclenchés peut-être par ta lettre à Jérôme Garcin. Tu étais l’œil du public !
N’empêche que cette préhistoire me rend heureux. Je compte y baigner encore un volume ou deux.
Mais auparavant je serai passé par le Limousin. Qu’on cause un peu.
L’amitié en retour. Raymond.
C’est donc le livre de René Delmas que j’ai acheté à Paris. S’il s’est trouvé là où je l’ai trouvé, c’est qu’il est mort.
Raymond Dumay, lui, est mort le vingt-huit mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, sans avoir le temps d’un autre volume.
*
Acheté une broutille, j’ai revendu ce livre une broutille.
Combien il a raison. Ce deuxième confinement est pire que le premier. Il n’a pas l’air d’en être un mais plus rien n’existe pour qui ne travaille pas. Il ne se passe absolument rien dans ma vie depuis que je suis rentré. Même celles et ceux à qui j’ai écrit pour demander de leurs nouvelles ne me répondent pas.
En attendant les notes de lecture, ces copies de deux lettres que j’ai trouvées dans un livre autrefois acheté un euro chez Book-Off, collées qu’elles étaient à intérieur de l’ouvrage Le rat et l’abeille (Court traité de gastronomie préhistorique), publié chez Phébus. Ces missives furent envoyées à son ami René Delmas par l’auteur, Raymond Dumay.
La première, le quatre juin mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept :
Mon cher ami
Je ne saurais te dire combien je suis touché par ta lettre. Tu as acheté mon livre et tu as pris la peine et le temps de m’en écrire – et bien. Double exploit qu’à ce jour tu es le seul à avoir réalisé. Si tu penses un instant à l’inquiétude que j’ai pu éprouver en me lançant dans cette aventure, une spécialité abordée à 80 ans ! tu comprendras mon bonheur de recevoir tes éloges, en particulier sur mon style, qui est plus moi-même que moi, mais si peu »scientifique ».
Quand je dis « à bientôt », je ferai de mon mieux.
A vous deux, Raymond.
La seconde, le quinze juillet mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept :
Mon cher Delmas,
Merci, merci. Moi aussi j’ai été éberlué par ces éloges démesurés – déclenchés peut-être par ta lettre à Jérôme Garcin. Tu étais l’œil du public !
N’empêche que cette préhistoire me rend heureux. Je compte y baigner encore un volume ou deux.
Mais auparavant je serai passé par le Limousin. Qu’on cause un peu.
L’amitié en retour. Raymond.
C’est donc le livre de René Delmas que j’ai acheté à Paris. S’il s’est trouvé là où je l’ai trouvé, c’est qu’il est mort.
Raymond Dumay, lui, est mort le vingt-huit mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, sans avoir le temps d’un autre volume.
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Acheté une broutille, j’ai revendu ce livre une broutille.
6 novembre 2020
Pendant ce deuxième confinement je pratique la promenade autorisée chaque jour, toujours à l’écart de quiconque, songeant que si tout le monde vivait à ma façon depuis mars dernier la pandémie aurait déjà disparu. Je reconnais que c’est difficile à mettre en œuvre. Nous sommes trop nombreux et la plupart des humains sont grégaires.
Durant ma promenade de santé de ce jeudi, je surprends une femme en train d’uriner derrière une haie du Palais de Justice côté rue de la Jeanne. Il ne s’agit pas d’une clocharde. Les toilettes publiques sont rares à Rouen et le plus souvent hors service. Les cafés sont fermés.
*
Si on qualifie les Noirs des Etats-Unis d’Afro-Américains, il faudrait qualifier les Blancs d’Européo-Américains. On pourrait aussi parler des Sino-Américains, des Latino-Américains, etc.
Durant ma promenade de santé de ce jeudi, je surprends une femme en train d’uriner derrière une haie du Palais de Justice côté rue de la Jeanne. Il ne s’agit pas d’une clocharde. Les toilettes publiques sont rares à Rouen et le plus souvent hors service. Les cafés sont fermés.
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Si on qualifie les Noirs des Etats-Unis d’Afro-Américains, il faudrait qualifier les Blancs d’Européo-Américains. On pourrait aussi parler des Sino-Américains, des Latino-Américains, etc.
5 novembre 2020
Ce mercredi, c’est la deuxième étape de mon nouveau parcours médical.
Dans la fraîcheur du petit matin, je rejoins le Centre d’Imagerie Médicale des Beaux-Arts face au square Verdrel pour y subir une échographie abdominale. Mon rendez-vous est à huit heures quinze mais je dois attendre un bon quart d’heure de plus avant qu’on appelle mon nom. Le jeune médecin qui passe la douchette sur mon corps se veut rassurant. D’après lui mon résultat de prise de sang n’est pas des plus inquiétants, il y a pire, mais pour le bien de mon foie, il serait bon de modifier mes habitudes alimentaires. « Je ne peux pas voir votre pancréas », me dit-il. C’est bien dommage.
Rentré à la maison, j’appelle mon médecin pour un rendez-vous la semaine prochaine puis je regarde où on en est dans le dépouillement des votes aux Etats-Unis. Pauvre Amérique qui a eu le choix entre un quasi dément persuadé d’être le vainqueur et un quasi sénile qui ne reconnaît plus ses petites-filles. Evidemment, j’espère la défaite du premier.
Je me souviens avoir appris sa victoire d’il y a quatre ans dans un café parisien un mercredi matin. C’était le temps où j’allais à la capitale chaque semaine, qui ne reviendra plus.
Sur la ligne Paris Rouen Le Havre, vu l’état des trains normands, on a dû faire venir d’autres régions des Tégévés. Ils roulent à petite vitesse entre la Normandie et la capitale. Quelle déchéance pour ce roi des trains et ses conducteurs.
*
En Europe, rien ne va sur le front de la lutte contre l’occupant. Le débarquement d’un hypothétique vaccin est remis en cause par une mutation du virus au Danemark via ses millions de visons. Ce pays va tous les tuer.
*
Vivent les Chinois. C’est une vieille nation qui nous regarde comme des enfants, et des polissons, et nous nous croyons une grande chose parce que nous courons les mers et les terres … et nous portons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre évangile et notre vérole. (missive de l’abbé Galiani à la marquise d’Epinay, Naples, le dix-neuf mai mil sept cent soixante-dix)
Dans la fraîcheur du petit matin, je rejoins le Centre d’Imagerie Médicale des Beaux-Arts face au square Verdrel pour y subir une échographie abdominale. Mon rendez-vous est à huit heures quinze mais je dois attendre un bon quart d’heure de plus avant qu’on appelle mon nom. Le jeune médecin qui passe la douchette sur mon corps se veut rassurant. D’après lui mon résultat de prise de sang n’est pas des plus inquiétants, il y a pire, mais pour le bien de mon foie, il serait bon de modifier mes habitudes alimentaires. « Je ne peux pas voir votre pancréas », me dit-il. C’est bien dommage.
Rentré à la maison, j’appelle mon médecin pour un rendez-vous la semaine prochaine puis je regarde où on en est dans le dépouillement des votes aux Etats-Unis. Pauvre Amérique qui a eu le choix entre un quasi dément persuadé d’être le vainqueur et un quasi sénile qui ne reconnaît plus ses petites-filles. Evidemment, j’espère la défaite du premier.
Je me souviens avoir appris sa victoire d’il y a quatre ans dans un café parisien un mercredi matin. C’était le temps où j’allais à la capitale chaque semaine, qui ne reviendra plus.
Sur la ligne Paris Rouen Le Havre, vu l’état des trains normands, on a dû faire venir d’autres régions des Tégévés. Ils roulent à petite vitesse entre la Normandie et la capitale. Quelle déchéance pour ce roi des trains et ses conducteurs.
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En Europe, rien ne va sur le front de la lutte contre l’occupant. Le débarquement d’un hypothétique vaccin est remis en cause par une mutation du virus au Danemark via ses millions de visons. Ce pays va tous les tuer.
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Vivent les Chinois. C’est une vieille nation qui nous regarde comme des enfants, et des polissons, et nous nous croyons une grande chose parce que nous courons les mers et les terres … et nous portons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre évangile et notre vérole. (missive de l’abbé Galiani à la marquise d’Epinay, Naples, le dix-neuf mai mil sept cent soixante-dix)
4 novembre 2020
Ce mardi, c’est le début de mon nouveau parcours médical.
Dans la fraîcheur du petit matin, tandis que s’installent deux vendeurs de fruits et légumes sur la place Saint-Marc, j’attends seul devant la porte du laboratoire d’analyse médicale. Celle-ci s’ouvre à sept heures précises. Mon ordonnance enregistrée, je suis pris en charge par l’infirmière qui sait voir ma veine. Elle me pique sans hésiter et sans douleur.
Je passe la journée à ne pas faire grand-chose puis à seize heures trente vais chercher mes résultats. C’est toujours mauvais pour mon foie.
*
Activité de peu d’intérêt pour époque de peu d’intérêt : faire brûler le stock de bougies achetées dans les vide greniers au temps où j’étais bien accompagné.
Dans la fraîcheur du petit matin, tandis que s’installent deux vendeurs de fruits et légumes sur la place Saint-Marc, j’attends seul devant la porte du laboratoire d’analyse médicale. Celle-ci s’ouvre à sept heures précises. Mon ordonnance enregistrée, je suis pris en charge par l’infirmière qui sait voir ma veine. Elle me pique sans hésiter et sans douleur.
Je passe la journée à ne pas faire grand-chose puis à seize heures trente vais chercher mes résultats. C’est toujours mauvais pour mon foie.
*
Activité de peu d’intérêt pour époque de peu d’intérêt : faire brûler le stock de bougies achetées dans les vide greniers au temps où j’étais bien accompagné.
3 novembre 2020
Ce lundi, quand elle ouvre à neuf heures, muni du courrier de la Sécurité Sociale faisant de moi un prioritaire pour le vaccin contre la grippe, je suis le seul client de la Grande Pharmacie du Centre. A ma question, j’ai la réponse que j’attendais : « Nous n’en avons plus depuis longtemps. »
Je demande à l’aimable pharmacien s’il peut m’inscrire sur une liste d’attente.
-Vous seriez au moins le centième, me répond-il, nous n’en faisons pas, nous préférons que chacun ait sa chance. Il faudra passer de temps en temps, on en aura peut-être, mais ce n’est pas sûr, et ce sera deux ou trois à chaque fois.
-S’il faut que je passe régulièrement pour m’entendre répondre négativement, je n’en vois pas l’intérêt, lui dis-je.
-Je vous comprends, on leur avait demandé de ne pas faire de pub sur ce vaccin cette année, mais ils n’ont pas écouté, me répond-il.
Ce « ils » doit désigner les autorités quelles qu’elles soient.
Un peu plus tard, discutant au téléphone avec ma sœur, celle-ci me dit qu’elle connaît une infirmière des urgences qui ne s’est pas fait vacciner contre cette grippe car tout vaccin affaiblit momentanément les défenses immunitaires et si elles sont occupées à réagir à l’inoculation en ce temps de Covid, c’est un risque.
Quoi qu’il en soit, je ne serai pas cette année vacciné.
*
L’après-midi, je commence un ménage devenu plus que nécessaire après presque quatre mois d’absence. J’en profite pour jeter la vaisselle jamais utilisée. J’en avais peu, j’en ai désormais très peu.
*
L’orteil violet, nouveau symptôme du Covid. J’en ai eu un pendant mon périple breton, mis sur le compte de la lutte entre mon pied et ma chaussure. Il a retrouvé sa normalité.
Je demande à l’aimable pharmacien s’il peut m’inscrire sur une liste d’attente.
-Vous seriez au moins le centième, me répond-il, nous n’en faisons pas, nous préférons que chacun ait sa chance. Il faudra passer de temps en temps, on en aura peut-être, mais ce n’est pas sûr, et ce sera deux ou trois à chaque fois.
-S’il faut que je passe régulièrement pour m’entendre répondre négativement, je n’en vois pas l’intérêt, lui dis-je.
-Je vous comprends, on leur avait demandé de ne pas faire de pub sur ce vaccin cette année, mais ils n’ont pas écouté, me répond-il.
Ce « ils » doit désigner les autorités quelles qu’elles soient.
Un peu plus tard, discutant au téléphone avec ma sœur, celle-ci me dit qu’elle connaît une infirmière des urgences qui ne s’est pas fait vacciner contre cette grippe car tout vaccin affaiblit momentanément les défenses immunitaires et si elles sont occupées à réagir à l’inoculation en ce temps de Covid, c’est un risque.
Quoi qu’il en soit, je ne serai pas cette année vacciné.
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L’après-midi, je commence un ménage devenu plus que nécessaire après presque quatre mois d’absence. J’en profite pour jeter la vaisselle jamais utilisée. J’en avais peu, j’en ai désormais très peu.
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L’orteil violet, nouveau symptôme du Covid. J’en ai eu un pendant mon périple breton, mis sur le compte de la lutte entre mon pied et ma chaussure. Il a retrouvé sa normalité.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante