Outre les critiques de films qui suivent et qui valent ce qu'elles valent, votre blog L'Imprimante vous recommande chaudement l'écoute de ce très bel album de musique brésilienne.
Il est tard. Il est tard, mais je vais quand même me lancer dans la rédaction d'une chronique sur les films que j'ai vus hier et ce soir.
Tout d'abord, Detachment. Chose promise à la lectrice du mercredi, chose dûe. Detachment, un film américain, un film sur les profs. Les profs américains, donc. Les profs de New York en fait. Et, plus que tout, sur UN prof, incarné par Adrian Brody. Oui, Messieurs, ce type que toutes les filles trouvent super beau et super "charmant". Personnellement, il me faut composer avec sa manie de froncer les sourcils de manière ironique, truc qu'il a expérimenté dès ses collaborations avec Wes Anderson et les frères Wilson. Mais là, je dois dire que le type correspond bien au personnage du prof, Henry Barthes. Ce prof est un remplaçant, qui débarque pour un mois dans un lycée new-yorkais (ça, c'est moi qui le dis, j'ai juste cru reconnaître une Metrocard dans la scène du bus, ça se trouve c'est ailleurs). Le "detachment" qu'il affiche, c'est de Camus. On nous le signale dès le générique de début du film. Rien à voir avec le détachement du Substitute, autre film sur le même sujet, quoique plus musclé et plus bis que le premier. Un détachement bien attendu, puisque les profs, dans ce film, se font houspiller par de jeunes racailles hip-hop, se font cracher dessus par des poufs de onze ans et demi, se font, finalement, bien mal traiter par leurs jeunes et ingrats étudiants. Henry Barthes s'est endurci: il a eu, de surcroît, une enfance difficile (on le comprend bien assez vite au travers de scènes flashback un peu arty et passablement lourdingues: sa mère buvait, elle a pris plein de barbituriques et le petit Henry a tout vu). Il s'est endurci, donc, et cela lui permet de bien vivre sa vie de célibataire, prof remplaçant, un brin sentimental qui spleene dans les rues by night. Justement, un soir, il croise une jeune prostituée qui vit mal, elle aussi, et il se met à l'héberger, sans s'attacher, toutefois, ben non, puisqu'il est détaché, hé, faut pas pousser non plus. Vous commencez à le comprendre, je n'ai pas trop aimé le début. Mais justement ! Allez savoir pourquoi, peut-être parce qu'il y a un peu d'amour dans l'air (la jeune p. lui offre une bague d'amoureux), je me suis mise à y croire, j'ai même versé ma petite larme quand son vieux pépé meurt à l'hosto. Oui, Henry Barthes est crédible. Et Adrian Brody, ce gosse beau, est le bon. Le bon comédien pour interpréter ce type froid, obsessionnel jusqu'à l'usure, et maniaque de la compassion. Il aide tout le monde, le mec. Toujours un bon discours prêt pour réconforter une de ses élèves, ado, obèse et suicidaire, un collègue dans le pétrin, une SDF enguenillée. Toujours prêt, détaché, à la cool. Sauf qu'à la fin, il se rend compte qu'il se plante grave, et que les gens l'aiment, et que, du coup, il peut les aimer aussi et s'engager un minimum auprès d'eux. Ce qu'il fait (ralenti sur le bisou, cerisiers en fleurs, sourires et tout le toutim). C'est maladroit, mais je vous jure que j'ai aimé. Trop détachée pour me laisser aller à un vrai élan sincère, sans doute... Ah ! l'orgueil !
Ce soir, en revanche, c'était encore plus mal parti. Cette fois il s'agissait d'une projection intimiste dans un tout petit ciné du 5ème (hier, le Detachment s'est opéré à l'UGC des Halles). L'invitation venait de Christophe, réalisateur d'un documentaire sur un quartier de Sao Paulo, au Brésil. La copine de Christophe est brésilienne et ils ont mené l'enquête à quatre (avec un cadreur et une monteuse de leurs amies) au Campo Eliseos, les Champs Élysées de Sao Paulo. C'est un quartier fort mal famé, tout pourri, constitué de superbes palais d'un temps révolu qui jouxtent des immeubles un peu plus récents. Les palais tombent en ruine, et, si j'ai bien lu les sous-titres, on en a fait ce que l'on appelle des "pensions". C'est-à-dire qu'on les loue pour des prix forts à des familles. Ce sont des taudis, soyons clairs. Mais de jolis taudis. Moi qui suis bourrée de préjugés honteux et stupidissimes sur le Brésil et tout ce qui s'y rapporte (faut voir ce qu'on nous en montre aussi, hein, à Paris, "besa me" et tout le bazar, insupportable. Non ? c'est mexicain, c'est ça ?), j'ai beaucoup aimé le documentaire de Christophe et Lùcia. C'est très chaleureux, c'est composé de plusieurs portraits d'habitants du quartier (et pas du tout de mecs défoncés au crack qui cherchent à leur voler leur matos, comme je le pensais en y allant, traînant mes pieds d'un pas maussade). Ces habitants sont interviewés, ils parlent facilement de leur vie, beaucoup moins facile. Leurs misères, leurs petits bonheurs aussi (le chant du coq le matin, la réhabilitation d'un opéra avec orchestre symphonique qui fait la fierté de ses musiciens et du pays tout entier...). On y découvre d'admirables architectures (flûte, il faut que j'aille au Brésil), une ancienne laverie extraordinaire, et désertée depuis. Un réparateur-luthier, qui a pignon sur rue, intervient au début, avouant qu'il ne sait pas du tout jouer de guitare, juste les fabriquer. Ensuite, il parle de sa femme. C'est sympa, touchant, pas mièvre pour un sou, et c'est au cinéma La Clef. Ah ! Oui... ça s'appelle FRAGMENTOS DE UM BAIRRO, Fragments d'un quartier. Et ça porte bien son titre.
Tout d'abord, Detachment. Chose promise à la lectrice du mercredi, chose dûe. Detachment, un film américain, un film sur les profs. Les profs américains, donc. Les profs de New York en fait. Et, plus que tout, sur UN prof, incarné par Adrian Brody. Oui, Messieurs, ce type que toutes les filles trouvent super beau et super "charmant". Personnellement, il me faut composer avec sa manie de froncer les sourcils de manière ironique, truc qu'il a expérimenté dès ses collaborations avec Wes Anderson et les frères Wilson. Mais là, je dois dire que le type correspond bien au personnage du prof, Henry Barthes. Ce prof est un remplaçant, qui débarque pour un mois dans un lycée new-yorkais (ça, c'est moi qui le dis, j'ai juste cru reconnaître une Metrocard dans la scène du bus, ça se trouve c'est ailleurs). Le "detachment" qu'il affiche, c'est de Camus. On nous le signale dès le générique de début du film. Rien à voir avec le détachement du Substitute, autre film sur le même sujet, quoique plus musclé et plus bis que le premier. Un détachement bien attendu, puisque les profs, dans ce film, se font houspiller par de jeunes racailles hip-hop, se font cracher dessus par des poufs de onze ans et demi, se font, finalement, bien mal traiter par leurs jeunes et ingrats étudiants. Henry Barthes s'est endurci: il a eu, de surcroît, une enfance difficile (on le comprend bien assez vite au travers de scènes flashback un peu arty et passablement lourdingues: sa mère buvait, elle a pris plein de barbituriques et le petit Henry a tout vu). Il s'est endurci, donc, et cela lui permet de bien vivre sa vie de célibataire, prof remplaçant, un brin sentimental qui spleene dans les rues by night. Justement, un soir, il croise une jeune prostituée qui vit mal, elle aussi, et il se met à l'héberger, sans s'attacher, toutefois, ben non, puisqu'il est détaché, hé, faut pas pousser non plus. Vous commencez à le comprendre, je n'ai pas trop aimé le début. Mais justement ! Allez savoir pourquoi, peut-être parce qu'il y a un peu d'amour dans l'air (la jeune p. lui offre une bague d'amoureux), je me suis mise à y croire, j'ai même versé ma petite larme quand son vieux pépé meurt à l'hosto. Oui, Henry Barthes est crédible. Et Adrian Brody, ce gosse beau, est le bon. Le bon comédien pour interpréter ce type froid, obsessionnel jusqu'à l'usure, et maniaque de la compassion. Il aide tout le monde, le mec. Toujours un bon discours prêt pour réconforter une de ses élèves, ado, obèse et suicidaire, un collègue dans le pétrin, une SDF enguenillée. Toujours prêt, détaché, à la cool. Sauf qu'à la fin, il se rend compte qu'il se plante grave, et que les gens l'aiment, et que, du coup, il peut les aimer aussi et s'engager un minimum auprès d'eux. Ce qu'il fait (ralenti sur le bisou, cerisiers en fleurs, sourires et tout le toutim). C'est maladroit, mais je vous jure que j'ai aimé. Trop détachée pour me laisser aller à un vrai élan sincère, sans doute... Ah ! l'orgueil !
Ce soir, en revanche, c'était encore plus mal parti. Cette fois il s'agissait d'une projection intimiste dans un tout petit ciné du 5ème (hier, le Detachment s'est opéré à l'UGC des Halles). L'invitation venait de Christophe, réalisateur d'un documentaire sur un quartier de Sao Paulo, au Brésil. La copine de Christophe est brésilienne et ils ont mené l'enquête à quatre (avec un cadreur et une monteuse de leurs amies) au Campo Eliseos, les Champs Élysées de Sao Paulo. C'est un quartier fort mal famé, tout pourri, constitué de superbes palais d'un temps révolu qui jouxtent des immeubles un peu plus récents. Les palais tombent en ruine, et, si j'ai bien lu les sous-titres, on en a fait ce que l'on appelle des "pensions". C'est-à-dire qu'on les loue pour des prix forts à des familles. Ce sont des taudis, soyons clairs. Mais de jolis taudis. Moi qui suis bourrée de préjugés honteux et stupidissimes sur le Brésil et tout ce qui s'y rapporte (faut voir ce qu'on nous en montre aussi, hein, à Paris, "besa me" et tout le bazar, insupportable. Non ? c'est mexicain, c'est ça ?), j'ai beaucoup aimé le documentaire de Christophe et Lùcia. C'est très chaleureux, c'est composé de plusieurs portraits d'habitants du quartier (et pas du tout de mecs défoncés au crack qui cherchent à leur voler leur matos, comme je le pensais en y allant, traînant mes pieds d'un pas maussade). Ces habitants sont interviewés, ils parlent facilement de leur vie, beaucoup moins facile. Leurs misères, leurs petits bonheurs aussi (le chant du coq le matin, la réhabilitation d'un opéra avec orchestre symphonique qui fait la fierté de ses musiciens et du pays tout entier...). On y découvre d'admirables architectures (flûte, il faut que j'aille au Brésil), une ancienne laverie extraordinaire, et désertée depuis. Un réparateur-luthier, qui a pignon sur rue, intervient au début, avouant qu'il ne sait pas du tout jouer de guitare, juste les fabriquer. Ensuite, il parle de sa femme. C'est sympa, touchant, pas mièvre pour un sou, et c'est au cinéma La Clef. Ah ! Oui... ça s'appelle FRAGMENTOS DE UM BAIRRO, Fragments d'un quartier. Et ça porte bien son titre.
Contributeurs
Eleonore Forêt
Charber (de son vrai nom Charlotte Béranger), née en 1975 à Ploudalmézeau, est prof de yoga et de méditation à Ibiza. Charber habite une yourte, elle a débuté un commerce en ligne de vêtements en macramé de chanvre après avoir arrêté le speed et la coke ("trop de bad vibes"). Elle fume toujours pas mal de beuh et prend des shrooms mais "c'est naturel". Yes I!
Pierre Hexum a 19 ans. Il est professeur de gym à Sacramento. Il collabore avec Eléonore au blog L'Imprimante, dans la rubrique Le Mail du Mercredi, depuis les années 80.
Eléonore Forêt, bientôt 37 ans, toujours tête de linotte, ne tire aucune leçon des enseignements de la vie. Dessine, dort, nage, mange à Brest depuis mai 2013.
Pierre Hexum a 19 ans. Il est professeur de gym à Sacramento. Il collabore avec Eléonore au blog L'Imprimante, dans la rubrique Le Mail du Mercredi, depuis les années 80.
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