Cette journée commence avec un petit déjeuner traditionnel: tomates sur du pain arrosé d’huile d’olive (comme il y avait des croissants j’en ai pris aussi, il ne s’agissait pas d’être totalement désorienté).
Après ça j’ai retrouvé Raquel qui, en plus d’être l’une des trois organisatrices de l’évènement, sera ma traductrice pendant ces journées, moi j’ai fait allemand deuxième langue. De fait nous travaillons sur la terrasse de l’hôtel à la mise au point de ma conférence du lendemain qu’elle a déjà traduite mais il reste toujours des éléments à préciser, des images à caler comme il faut. Parlant d’images, je précise qu’à partir de ce billet, toutes les photographies que vous verrez sont de Rubén Vicente, l’excellent photographe officiel de la Fundación. Le déjeuner sera l’occasion de retrouver Nell Leyson qui doit intervenir en fin d’après-midi. Elle est accompagnée de son compagnon Dominic, peintre de son état «I don’t paint landscapes. Too difficult.», je n’en saurai pas plus. Après la sieste le FLAI 2018 va pouvoir commencer et à 17h30, après quelques présentations d’usage, Ellen Duthie va ouvrir les conférences en expliquant les raisons qui les ont poussées, elle est ses deux camarades, à choisir comme thème ¿De la inocencia a la experiencia? en lien bien sûr avec William Blake mais également avec Maurice Sendak, après tout n’est-elle pas la traductrice en espagnol de Quand Papa était loin? La pause qui suit est l’occasion de découvrir la librairie éphémère où j’achète précisément deux volumes de textes illustrés de William Blake. Lorsque soudain, patatras, Nell étant tombée fort malade à cette heure, nous prenons la décision d’intervertir nos interventions — puisqu’après tout la mienne est prête depuis le matin — et c’est parti pour une heure et demie à raconter le contexte social, éditorial de mai 68 et leurs heureuses conséquences sur l’édition pour la jeunesse française. Très intéressant exercice de s’adresser à des gens qui n’ont pas la culture de l’album français. Le public — les élèves devrais-je écrire — est très chaleureux, enthousiaste au point que les techniciens, ne croyant pas être entendus, s’interrogent, se demandent pourquoi tous ces gens sont-ils si gentils? Une anecdote qui enrichira la conversation anglo-franco-espagnole du dîner durant lequel je note que décidément ces gens gardent à l’endroit des légumes une certaine rancune dont j’ignore l’origine et que les entrées viennent par trois, successivement mais systématiquement. Ceci dit les glaces sont bonnes. Vers 23 heures est prévue une rencontre entre tous les participants sur la Plaza Mayor, c’est habituellement l’heure ou je me couche mais en Espagne fais comme les Espagnols et j’assiste à ce raout où se mêlent des gens de tous âges alors que commencent les projections qu’accompagne une excellente bande-son discoïde. Je découvre alors une autre particularité hispanique: passez un peu de musique, qu’elle soit triste ou gaie, les citoyens vont immédiatement bouger; jamais d’écoute statique, distante ou réservée et d’ailleurs le terme de distance s’applique assez peu aux relations humaines avec des gens qui posent la main sur toi en souriant dès qu’il le peuvent. En France je trouverais ça déplacé, ici c’est parfait! Vamos a bailar! |
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2007-2020, Loïc Boyer.
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