Eh bien, malgré de solides draches nocturnes, ce mercredi aux aurores les jeunes gens d’Occupy Justice sont toujours là, se réchauffant autour d’un brasero. Au-dessus de leur tête une banderole « Parlons-en ». Je m’en abstiens et rejoins la gare. Le train de sept heures vingt-quatre m’emmène à la capitale.
Ma première journée parisienne d’après vacances bretonnes va de Book-Off Bastille (où l’on écoute Abba) à Book-Off Opéra (où l’on écoute Les Suprêmes) en passant par Gibert Joseph et Le Gai Rossignol, nouvelle raison sociale de l’ancienne Mona Lisait de la rue Saint-Martin, façade refaite, livres identiques.
A midi, je déjeune de mon habituel menu à l’Hostellerie de l’Oie qui Fume, rue de la Harpe, mais pas à ma place habituelle, isolée, aujourd’hui réservée à un couple. Assis à l’une des tables côte à côte, j’ai bientôt pour voisin une sorte de Popeye au caractère résolument sociable dont je calme l’ardeur après son trop cordial « Bonjour, bon appétit » d’un « Bon, ça va, on n’est pas à la cantine ici. »
Vers quinze heures trente, je bois un café au comptoir du Gaillon, le Péhemmu chinois de la place du même nom, alors que par le plus grand des hasards (comme on dit) est décerné en face, chez Drouant, le prix Goncourt. Une foule de journalistes fait grumeau devant la porte du restaurant, d’où dépassent des micros hauts perchés. Des caméras se font lourdes sur certaines épaules.
Tout à coup, cet essaim est pris d’une fièvre intense et se précipite sur une femme à cheveux roux qui tente de lui échapper. Cette masse grouillante, de laquelle dépasse la tête du bègue B. D., suit un chemin erratique et s’immobilise en plein carrefour au moment où arrive un taxi qui a peu à faire d’un tel évènement littéraire. Il claque-sonne furieusement. L’abeille et son essaim refluent jusqu’au trottoir. Pendant cette agitation, le chasseur de la maison Drouant, beau comme un Préfet de province dans sa tenue d’apparat, conserve la dignité de sa fonction.
Ce n’est pas le cas du patron chinois du Péhemmu qui s’écrie : « C’est elle, la femme du prix Goncourt ! » Il quitte sa caisse, met son téléphone en position photo et fonce dans la mêlée d’où il ressort indemne et un peu décoiffé.
De retour derrière le comptoir il montre sa photo à son employé chinois : « T’as vu, c’est elle qui a le prix Goncourt ! ».
Inutile de connaître le nom de cette lauréate. Dans un an, son roman sera en vente à côté, chez Book-Off, au prix d’un euro.
*
Dans le train du retour, je relis certaines des Motel Chronicles de Sam Shepard dont, coïncidence, c’est aujourd’hui l’anniversaire.
*
Une belle prise chez Gibert Joseph, le Boby Lapointe des Editions Du May, une biographie richement illustrée, acheté trois euros.
*
Près du Palais de Justice de Paris, un homme debout porteur d’une pancarte qu’il montre à la foule indifférente : « Je suis un ancien chauffeur de François Hollande, je subis pressions, menaces, intimidations ».
Ma première journée parisienne d’après vacances bretonnes va de Book-Off Bastille (où l’on écoute Abba) à Book-Off Opéra (où l’on écoute Les Suprêmes) en passant par Gibert Joseph et Le Gai Rossignol, nouvelle raison sociale de l’ancienne Mona Lisait de la rue Saint-Martin, façade refaite, livres identiques.
A midi, je déjeune de mon habituel menu à l’Hostellerie de l’Oie qui Fume, rue de la Harpe, mais pas à ma place habituelle, isolée, aujourd’hui réservée à un couple. Assis à l’une des tables côte à côte, j’ai bientôt pour voisin une sorte de Popeye au caractère résolument sociable dont je calme l’ardeur après son trop cordial « Bonjour, bon appétit » d’un « Bon, ça va, on n’est pas à la cantine ici. »
Vers quinze heures trente, je bois un café au comptoir du Gaillon, le Péhemmu chinois de la place du même nom, alors que par le plus grand des hasards (comme on dit) est décerné en face, chez Drouant, le prix Goncourt. Une foule de journalistes fait grumeau devant la porte du restaurant, d’où dépassent des micros hauts perchés. Des caméras se font lourdes sur certaines épaules.
Tout à coup, cet essaim est pris d’une fièvre intense et se précipite sur une femme à cheveux roux qui tente de lui échapper. Cette masse grouillante, de laquelle dépasse la tête du bègue B. D., suit un chemin erratique et s’immobilise en plein carrefour au moment où arrive un taxi qui a peu à faire d’un tel évènement littéraire. Il claque-sonne furieusement. L’abeille et son essaim refluent jusqu’au trottoir. Pendant cette agitation, le chasseur de la maison Drouant, beau comme un Préfet de province dans sa tenue d’apparat, conserve la dignité de sa fonction.
Ce n’est pas le cas du patron chinois du Péhemmu qui s’écrie : « C’est elle, la femme du prix Goncourt ! » Il quitte sa caisse, met son téléphone en position photo et fonce dans la mêlée d’où il ressort indemne et un peu décoiffé.
De retour derrière le comptoir il montre sa photo à son employé chinois : « T’as vu, c’est elle qui a le prix Goncourt ! ».
Inutile de connaître le nom de cette lauréate. Dans un an, son roman sera en vente à côté, chez Book-Off, au prix d’un euro.
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Dans le train du retour, je relis certaines des Motel Chronicles de Sam Shepard dont, coïncidence, c’est aujourd’hui l’anniversaire.
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Une belle prise chez Gibert Joseph, le Boby Lapointe des Editions Du May, une biographie richement illustrée, acheté trois euros.
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Près du Palais de Justice de Paris, un homme debout porteur d’une pancarte qu’il montre à la foule indifférente : « Je suis un ancien chauffeur de François Hollande, je subis pressions, menaces, intimidations ».